Grand Tunis : Le loyer moyen d’un appartement dépasse trois fois le SMIG
Mubawab qui est une plateforme digitale dans le secteur immobilier national vient de publier un bulletin sur les tendances du marché de la location des appartements durant le premier semestre 2021.
Selon le bulletin de la plateforme (tensiomètre locatif), au 1er semestre 2021, en Tunisie, un appartement vide – c’est-à-dire sans meubles venant le garnir – se loue, en moyenne sur l’année, à 1475 dinars (D) par mois ce qui équivaut à 3,4 fois le salaire minimum interprofessionnel garanti, évalué à 429,3 D.
Les prix de la location longue durée ont connu une régression de 5% depuis le début de l’année et jusqu’au mois d’avril, indique Mubawab. En revanche, au mois de juin le prix a connu une hausse de 3% par rapport au mois précédent.
On cite, par ailleurs, que le recours vers des espaces plus grands garde la même tendance au niveau national et que l’évolution des superficies est en perpétuelle progression en fonction des demandes.
Le tensiomètre locatif révèle, sous cet angle, que 44% des appartements à louer, au premier trimestre, sont dotés d’une grande superficie et que ceci se maintient au deuxième trimestre, où 41% des appartements ont une terrasse ou un balcon.
Il a été observé aussi que dans le segment des appartements vides proposés à la location, les loyers les moins chers sont situés dans les villes de la Nouvelle Medina, Hammam chatt et la Manouba, avec respectivement 675, 680, et 750 D alors que les loyers les plus chers se trouvent dans les villes du banlieue nord entre autres La Marsa, Carthage et le Kram, avec respectivement 1850, 1770 et 1650 D.
D’après les résultats d’une consultation publiée par le Ministère de l’Equipement et de l’Habitat et selon des études d’experts, 30% de la population tunisienne ne disposeraient pas de moyens pour accéder à un habitat décent et 20% n’auraient aucune chance d’en avoir un. Une situation qui exclurait la moitié des Tunisiens ou presque d’un droit primordial.
Les données statistiques révèlent aussi que le parc immobilier en Tunisie compte quelques 3 millions de logements dont 37% sont considérés comme habitations anarchiques. Sur un total de 80.000 logements bâtis annuellement, seulement 50.000 unités bénéficient d’un permis de bâtir et juste 1.6% sont des logements sociaux. D’après l’Argus de l’immobilier 2019, le prix du mètre carré couvert se situe entre 1.800 et 4.200 dinars, notamment dans les grandes villes.
Les chiffres dévoilent aussi que de nombreux ménages habitent des logements de petite surface (25.8% ayant 1 à 2 pièces).
Les observateurs et toutes les parties prenantes évoquent le fait que le secteur immobilier structuré a connu une nette envolée des prix en raison essentiellement de l’indisponibilité de réserves foncières, de la hausse vertigineuse des coûts du bâtiment et de la spéculation immobilière.
Au total, on note annuellement un déficit minimal de 100 mille logements qu’il convient de combler dans les 6 ou 7 prochaines années.
Par ailleurs, le gouvernement a adopté en 2016 une nouvelle stratégie nationale de l’habitat basée sur quatre orientations fondamentales à savoir l’accroissement de l’offre de terrains à bâtir, la diversification de l’offre des logements, la promotion du secteur privé, le renforcement de la politique de réhabilitation et d’amélioration de la gestion du parc immobilier existant.
Toutefois, la concrétisation de cette stratégie se heurte à plusieurs obstacles en raison de l’instabilité qui règne dans le pays depuis des années.